Publié le 19 Août 2024
La transition écologique représente un défi majeur pour les bâtiments anciens, dont une grande partie est classée E, F ou G selon le Diagnostic de Performance Énergétique (DPE). Face aux exigences croissantes de la loi Climat et Résilience, les propriétaires de ces biens se retrouvent confrontés à des obligations de rénovation énergétique qui pourraient menacer l’intégrité de ce patrimoine. Cette situation suscite des préoccupations croissantes parmi les défenseurs du patrimoine architectural, qui plaident pour des solutions adaptées.
Le rapport du Comité de la prospective et de l’innovation (CPI) de la Direction générale des Patrimoines et de l’Architecture (DGPA), publié après plus d’un an de travaux, explore cette problématique complexe. Parmi les propositions figurent la création d’une formation spécifique pour les diagnostiqueurs et l’adaptation des méthodes de calcul du DPE pour les bâtiments anciens. La méthode actuelle, dite 3CL, est jugée inadaptée par certains acteurs du patrimoine, qui estiment qu’elle ne reflète pas fidèlement les performances énergétiques réelles de ces bâtiments.
Les experts suggèrent deux axes principaux pour améliorer l’évaluation énergétique des bâtiments anciens. D’une part, adapter la méthode 3CL aux spécificités du bâti patrimonial, en tenant compte de critères tels que le confort d’été et l’inertie thermique. D’autre part, compléter le DPE par une simulation thermique dynamique, bien que cette option puisse entraîner des coûts supplémentaires pour les propriétaires.
Le rapport souligne également la nécessité de revoir les recommandations de travaux contenues dans le DPE pour les bâtiments patrimoniaux. Ces recommandations, souvent perçues comme des prescriptions par les propriétaires, pourraient, en l’état, causer des dommages irréversibles au patrimoine bâti.
Pour aller plus loin, le rapport préconise le développement d’une offre spécifique d’audit énergétique pour le bâti patrimonial. Cette approche permettrait de concilier la réduction de la consommation énergétique et la préservation du patrimoine. Une mention « bâti patrimonial » pourrait ainsi être créée pour les diagnostiqueurs, accompagnée d’une formation spécifique.
Enfin, pour protéger ce patrimoine fragile, il est proposé d’introduire des dérogations à l’interdiction de location pour les bâtiments classés E, F ou G, lorsque les travaux de réhabilitation ne sont ni possibles ni souhaitables. Ces propositions, bien que complexes, visent à préserver l’équilibre délicat entre la nécessité de réduire l’empreinte carbone et celle de protéger le patrimoine architectural.